10/09/2016 à 21h20 : Soirée un peu particulière.

Je passe mon bras sur ses épaules avec un sourire, tandis que nous marchons vers la voiture.
"Alors il y a une chose à savoir sur moi Miss, c'est que je suis vieille France, et faut pas m'empêcher d'être galant, sinon je deviens irritable, et personne n'aime que je suis irritable." lui souris-je.

Je lui ouvre la portière la laisse s'installée.
"J'espère que tu as encore du stock de mots, sinon ce trajet risque d'être long !" lui souris-je en m'installant à mon tour.

Je m'installai dans la voiture.

- Alors espérons que je ne te fasse jamais devenir irritable, répondis-je avec un très léger sourire

Je déposai mon sac à mes pieds.

- J'ai toujours des mots quand je parle avec quelqu'un d'intéressant

Moi intéressant ? J'avais reçu de la gente féminine tout un tas de compliments, et celui là avait fait bien entendu parti du lot. Mais dans la bouche de Talulla, il avait une autre forme, plus intense, plus forte, plus... touchante.

"Tu es aussi quelqu'un d'intéressant Tal, tu es fascinante..." dis-je d'une voix de velours, pleine de sincérité (ce qui est chose... inhabituelle).

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde. Et encore moins à ce qu'il me réponde ça. Je sentis une bouffée de chaleur m'envahir. J'eus comme un bug et le fixai quelques instants avant de détourner la tête, un peu gênée. C'était la première fois qu'on me disait ça. C'était une des seules fois où quelqu'un me parlait normalement, ne me prenait pas pour une personne étrange et insociable, me complimentait. C'était étrangement agréable et de la part de Joshua, j'avais l'impression que ça l'était encore plus. J'essayai de me reprendre un peu. Ca devait être normal que les gens qui s'entendaient bien se disent ça. C'était normal. Je devais agir comme quelqu'un de tellement bizarre, comme toujours.

Je le regardai et lui souris de manière un peu gênée.

- Merci... C'est... hum.. La première fois qu'on me dit ça, avouai-je

Je lui souris en retour.
"De rien, j'ai confiance que tu vas apprendre à t'ouvrir aux autres, et alors je ne serais plus le seul à te trouver intéressante !" lui dis-je avec enthousiasme.

- Ca serait bien, en effet, lui répondis-je en me demandant ce que ça serait d'avoir un cercle d'amis

La route défile, on sort de la ville, bientôt nous serons sur la petite route, pleine de virage, traversant la forêt... La lune nous suit, la pénombre nous enveloppe.
Je ne veux pas de ce silence alors je pense à voix haute... A défaut de savoir de quoi lui parler...
"J'ai toujours préféré la nuit au jour... dans le noir la réalité s'efface, tout peut prendre une autre forme, j'avais l'impression que la frontière avec mes rêves s'effaçait, que je pouvais rentrer dedans, les vivres, à défaut de parvenir à les réaliser. La nuit m'offrait la possibilité de devenir n'importe qui. Mais à vouloir devenir autre, on finit par perdre qui on était, et se réveiller un matin incapable de revenir dans la réalité, dans le monde du soleil. Je suis devenu un être de la nuit..."
Peut-être que ce que je disais n'avait pas de sens, peut-être même était-ce ridicule, mais j'avais ces mots en tête...
La lune disparu derrière les arbres. Je me revoyais enfant, le nez collé à la fenêtre de la voiture, fixant la pleine lune qui éclairait d'une si belle lueur la route du retour, quand nous rentrions à la maison...

Il me parla de ce qu'il pensait de la nuit. Je l'écoutai attentivement.

- J'ai toujours bien aimé la nuit. On peut penser que tout est englouti, pourtant les étoiles brillent accompagnant la lune. Ca a quelque chose de réconfortant. Ce sont les seules lumières et on a l'impression de se retrouver seul au monde. Comme si toute la lumière lunaire nous englobait. Mais mon moment préféré de la journée, c'est lorsque la nuit fait place au jour. Surtout sur la mer. Tout commence à s'éclaircir mais les étoiles brillent toujours un peu alors que la brume monte. Et même quand les étoiles ont disparu, c'est toujours un peu entre le jour et la nuit. C'est peut-être un peu gris mais l'odeur de la mer mélangée à celle du matin est quelque chose que j'adore. En Irlande, je me réveillai chaque matin pour aller sur les falaises pour voir le gris d'entre la nuit et le jour. Si tu es un être de la nuit, je serai plus un être entre la nuit et le jour.

C'était beau... ce qu'elle disait était magnifique...
"C'est vraiment beau... un être entre la nuit et le jour... C'est tellement beau Talulla... Tu me donnes envie de voir la mer..."

J'avais pourtant haï la mer en mon plus profond de mon font intérieur.
Je n'avais connu que la mer de la foule, des rires des enfants, des château de sable, des jeux de raquettes, et moi là, assis sur ma serviette, à envier le monde et le haïssant...

Je le regardai avec un léger sourire, heureuse de parler de mon pays natal.

- Il faudra que tu viennes en Irlande, une fois. Voir tout ça des falaises, au calme, sans personne pour venir déranger. On a l'impression que le monde est encore plus gigantesque mais que tout nous appartient.

Je souris.
"J'avais une maison, une villa, au bord d'une falaise... de la baie vitrée du salon, j'avais vu sur la mer... j'adorais cette maison..."

- Elle devait être chouette. On n'avait pas vu sur la mer, étant donné qu'on habitait dans un petit village pas loin de la ville. Chaque matin je me levai tôt pour aller à la falaise. Je passai à côté de toutes les maisons en pierre et des petits jardins ainsi qu'à côté des champs et de la forêt qui était pas très loin, dis-je avec une certaine nostalgie.

J'aimais vraiment beaucoup mon pays. C'était calme, beau et assez singulier.

"Une irlandaise de sang et de coeur à ce que je vois... dis-je dans un murmure légèrement mélancolique.
"Parle moi encore de ton pays, des paysages, des ambiances... s'il te plaît..."

Moi qui n'avais pas trouver de terre, d'endroit où le mot chez-moi résonnerait dans mes entrailles, j'avais du mal à imaginer ce que pouvais ressentir Tal en pensant à son pays... J'ai beaucoup bougé, cherché dans d'autres lieux un endroit à nommer "chez moi", mais je n'ai pas trouvé. Partout où je vais, je sais que je peux partir le cœur léger. Sauf... sauf l'institut, mais je le déteste.
Oh que oui, je le déteste, ce fut tout aussi douloureux d'y revenir que d'en partir... pourquoi rien n'est simple dans ma tête ?

Je lui parlai alors d'un peu tout ; Des paysages tous différents mais tout aussi vert l'un que l'autre, des vieilles ruines qu'on pouvait y trouver, des châteaux qui s'y dressaient, des différents lacs, endroits à visiter. Je parlai aussi de la St-Patrick, de l'ambiance dans les villes plus grandes, des coutumes et légendes de mon pays. Je ne savais pas trop combien de temps j'avais parlé, mais étant donné que je vis l'institut de loin, j'avais du beaucoup parlé.

Je gare la voiture au garage, ouvre la portière de Talulla.
Mais du coin de l’œil, j'aperçois la montre laisser la veille... Je la récupère et la met dans ma poche. Une pointe de remord sur le cœur. Le poids de la montre dans ma poche prend alors rôle symbolique peu appréciable.

Je conduis Talulla à sa chambre. Je voudrais je crois prolonger cet instant, mais la fatigue prend place.
"J'ai passé une merveilleuse soirée en ta compagnie, je t'en remercie ma belle..." lui dis-je chaleureusement, un brin charmeur.

Il m'accompagna jusqu'à ma chambre.

- C'était vraiment agréable, merci à toi, lui répondis-je

Je ne savais pas trop comment dire au revoir et hésitai.

C'était la première que sur le pas de la porte avec une fille que je ramène, que je ne lui prenait pas les hanches pour l'embrassement avec fougue et passion.... pourtant j'avais rarement passé une aussi bonne soirée...
Je me mordille légèrement la lèvre.
"Bon... je crois que c'est le moment où on l'on se dit bonne nuit..."
dis-je timidement.
Attends Joshua Rosenbach TIMIDE ? Ça je me l'avais jamais fait ! Franchement, je me surprends moi-même là !

J'avais l'impression qu'il semblait assez réservé sur le moment même. Timide ? Ca serait très surprenant venant de sa part.

Je triturai l'ourlet de ma chemise, ne sachant pas trop quoi faire tout en le regardant.

- Ouais.. Je suppose... dis-je doucement, ce qui me surprit moi-même

J'hésitai encore un instant puis me mit sur la pointe des pieds et lui embrassai la joue, en essayant de rester calme. Je ne savais pas trop pourquoi j'avais fait ça mais il me sembla à ce moment-là que je devais le faire. Comme un besoin de le faire. C'était assez étrange.

- Bonne nuit, dis-je dans un souffle en le regardant avec un léger sourire, un peu gênée

Je fixe ses lèvres. Je dois rougir légèrement. Je me sens légèrement troublé. La douceur de ses lèvres sur ma joue...

"Oui bonne nuit..." dis-je dans un murmure.
Pourtant je ne bouge pas. J'attends, sans savoir quoi. Peut-être qu'elle rentre dans sa chambre, que devant la porte close je tourne les talons, que j'aille me coucher... Mais j'attends aussi surement, autre chose. Une prolongation de la soirée, un temps en plus, juste une parenthèse. Peut-être que j'attends tout simplement pour ne pas y mettre fin. Que je n'attends rien, juste que le temps s'arrête ici et maintenant...

Il me dit aussi bonne nuit mais ne partit pourtant pas. Tout comme je n'osai pas non plus bouger. Je n'avais pas nécessairement envie de rentrer dans ma chambre, sans savoir pourquoi. Je pris un temps fou à poser ma main sur la poignée de ma porte et, alors que j'allais la tourner, rentrer dans ma chambre et mettre fin à cette soirée, je me retournai. C'était mal. C'était très mal. Je ne pouvais pas dire ça. Je ne pouvais pas faire ça. Ca ne me ressemblait pas. Pourtant, je le fis.

- ... Ca... Me dérangerait pas de perdre cette fois-ci... Contrairement à tout à l'heure, sortis-je sans vraiment réfléchir en le regardant, une part de moi espérant qu'il comprenne sans que je ne sache vraiment pourquoi

Peut-être avais-je juste attendu ce feu vert... peut-être avais-je prié pour...
Alors je prends son visage entre mes mains me penche sur elle et l'embrasse, mêlant passion et tendresse, dans un baiser qui ne dura pas qu'une brève seconde... puis je détache mes lèvres, légèrement... troublé, et essoufflé.
Je caresse sa joue de mon pouce, lâche son visage, remet une mèche de cheveux derrière son oreille.

Puis sans un mot, je m'engouffre dans le noir du couloir, il ne faudrait pas que ça dérape davantage...

Il m'embrassa et j'y répondis, encore un peu maladroitement. Il s'écarta, me caressa la joue et partit. Je le regardai s'en aller dans le couloir noir avant de rentrer dans ma chambre et de refermer la porte sur cette soirée qui avait été plus que particulière.